Carte postale de Tartu

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Carte postale de Tartu, avant que tout bascule

Avant d’aller à l’université, qui occupe le cœur de la cité, je vais flâner sur les bords d’Emajõgi, la rivière mère en estonien. En coupant la ville en deux, elle instaure une sorte de frontière entre les quartiers de la ville, mais elle est aussi rassembleuse. On m’a raconté que les gens s’étaient mobilisés, en se massant sur ses ponts, contre un projet d’exploitation de la forêt voisine parce qu’il menaçait de polluer le cours d’eau.

La neige a laissé quelques traces au sol, des graffitis en tous genres ornent les murs, les passerelles, les viaducs. Dans l’Hortus closus, les plantes se sentent à l’étroit. Des fougères peintes en blanc s’étalent sur les portes placardées des rues avoisinantes, où les vieilles maisons en bois se parent de couleurs étonnantes, du rose pastel au turquoise, de l’orange pâle, un peu rouillé, au vert d’eau. Et puis tout d’un coup, une façade fantaisiste, où tous les coloris se rejoignent, éclats de joie au cœur de l’hiver.

Tout est tranquille et pourtant, je ne peux me défaire d’une certaine inquiétude pour le trajet du retour, où s’enchaîneront bus, tramway, avion, train, métro, voiture. Contre toute attente, le voyage s’achève sans heurts. Le pressentiment ne logeait pas à la bonne place : ce sera le dernier voyage avant que tout bascule.

Rachel Bouvet

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