Par Julien Bourbeau
Vous est-il arrivé lors de vos flâneries de vous trouver sur une rue sans trottoirs? Après avoir changé de direction à l’intersection d’une rue, vous vous êtes retrouvé, sans l’avoir commandé, au beau milieu de la chaussée; les trottoirs ayant disparu.
Pourquoi n’y a-t-il plus de trottoirs ?
Près du parc Maisonneuve, la coquette Cité Jardin est un exemple de cet aménagement urbain sans trottoir. L’objectif, à peine voilé, consiste à ne pas attirer en ces lieux résidentiels (et aisés) la présence indésirable de piétons du boulevard Rosemont. C’est donc dire que ce type de rues perd une partie de sa fonction d’accueil en décourageant la circulation.
D’ailleurs, ces rues de la Cité Jardin s’affichent comme des Impasses. Impasse de l’avenue des Cèdres, Impasse de l’avenue des Épinettes. Impasse : là où le passant ne peut pas passer. Cul-de-sac. D’ailleurs n’est-ce pas un peu antinomique une «Impasse de l’avenue»?
Des urbanistes me feront peut-être remarquer qu’il aurait été insensé d’aménager des trottoirs dans une voie sans issue. Peut-être bien. Qu’en aurait pensé Dédale? L’idée d’aménager des trottoirs dans les impasses d’un labyrinthe menant directement dans la gueule du Minotaure l’aurait certainement charmé.
P.-S. Je suis allé flâner dans ces impasses sans trottoir et je vous assure que l’on oublie, pour quelques minutes, que nous sommes à Montréal. L’effet fonctionne bien. Et je n’ai pas vu l’ombre d’un passant.