Par Julien Bourbeau
J’entre parfois dans un parc avec une glace à la vanille. Je dérive alors en ayant cette naïve impression de savourer le monde alentour, son parfum, son essence.
Les enfants qui me voient tournent la tête et fixent l’objet alléchant que je tiens à la main. Les patins à roues alignées n’ont soudainement plus le même intérêt au grand malheur des parents qui les pressent de s’activer.
Il en est de même pour l’enfant qui se fait expliquer les règles de sécurité, assis sur le banc arrière du vélo d’où l’on peut voir un autocollant mentionnant « Copilote ». En retrait de la piste cyclable, le père qui, contrairement à son fils, ne porte pas de casque protecteur rappelle à ce dernier qu’il faut toujours regarder avant de s’engager sur la piste cyclable. Il lance un « M’écoutes-tu quand je te parle ? » Les yeux de l’enfant rivés sur l’objet de désir n’ont plus d’oreilles. Le parc n’est plus que fraîcheur vanillée.
Saveur vanille, essence de parc. Fruits de flânerie. C’est peut-être cela le vin du flâneur de parc. On devinera Baudelaire, flâneur et peintre de la vie moderne, en filigrane.
Puis me revient l’image du couple qui pique-nique sous un saule, tout en savourant un verre de blanc frais. Le flâneur boit avec eux. Se transformant en ours, il chasse l’abeille qui tourbillonne autour des framboisiers sauvages pour goûter à l’une de ces baies. Saveur de parc.
Catégorie flore.
Et comme si tout coïncidait, je tombe sur cet arbre fruitier au parc Maisonneuve. Contrairement aux arbustes, ronces (rubus), qui produisent les mûres à l’état sauvage en Laurentie, le mûrier blanc (morus alba) serait originaire de Chine, des régions tropicales et tempérées. Dans la Flore laurentienne, le frère Marie-Victorin rapporte cependant que l’on plante cet arbre à l’occasion.
Cette occasion a lieu et le fruit noir de cet arbre, d’une hauteur de 10 mètres, est délicieux. Entre l’amertume et la douceur de la groseille.