La Petite Italie, la tête penchée

Par Frédérique Dubé

 

 

– I –

un soldat de plomb plus grand que nature
présentant son ombre comme un double qui ne l’appartient pas
l’espace du mur rouge la façade catholique des briques ensoleillées
c’est sur la petite rue Dante qu’on arrive
à se regarder

– II –

et quand on lève la tête
on se voit encore mieux
le bleu couvert
sous les branches

– III –

au fond du parc
solonnelle la statut érigée par le buste
le bronze vieilli le regard droit
c’est Dante
il veille

– IV –

en face de lui
de nous
l’arôme assourdissant
d’un été à poindre
le couchant sur la Petite-Italie

– V –

de plus près le feuillage
me charme
le parc me tend la main

– VI –

des deux bancs
une seule solitude suffit

– VII –

plus loin coin St-Zotique et St-Laurent
ne pas être indiscret
pendant que les couples dansent
le tango
sous la coupole
tourner le dos et capter ce qui m’échappe

– VIII –

tenter d’attraper une branche
une allée se séparant
dans une étoile

– IX –

finir la soirée à l’abris
la lumière éclairant
le crépuscule
parce que la beauté
du réverbère
n’a pas de nom
ça s’éveille
dans l’intimité