Odeurs-nuit

    Par Nicolas Lanouette

Deux heures du matin, un flâneur retourne chez-lui en passant par le quartier Limoilou.

Dans les environs de la 9ème Avenue, une puissante odeur de bran de scie devient omniprésente. Elle vient de la Stadacona, une usine de pâte à papier qui s’empare régulièrement du quartier par ses effluves olfactives.

Le flâneur marche et s’imagine en pleine forêt, malgré l’ordre linéaire et bétonné de la ville.

Au coin de la 3ème Avenue et de la 3ème Rue, l’odeur du bran de scie fait place à celle du pain chaud sortant du four. Cette odeur réconfortante dans la nuit émane de La Boîte à pain, une petite boulangerie artisanale.

Le flâneur poursuit son chemin.

Il fait une cinquantaine de pas et voilà que l’odeur du bran de scie de la Stadacona masque celle du pain. Il sent à nouveau la forêt qui reprend le contrôle de la Basse-ville de Québec.

Cette nuit là, un flâneur s’est cru dans une vaste sapinière où trônait, dans son centre, une simple boulangerie.