Le loup chanceux

Par Julien Bourbeau

 

Un billet de loterie. C’est le motif d’achat qui me pousse à entrer chez Astor aujourd’hui. Mais, j’avoue que je n’achète jamais de loterie car je déteste perdre. Cet achat constitue cependant un bon prétexte pour échanger quelques mots avec madame Astor et parfaire mes connaissances en matière de jeux de hasard !

-Bonjour madame ! Je vous prendrais un billet de loterie !… Un gagnant, s’il vous plaît!

Puisqu’elle ne rit pas, je devine qu’on lui a fait souvent la blague. En tout cas, c’est un coup d’épée dans l’eau. J’espère qu’il n’en sera pas ainsi avec la loterie… C’est que je rêve soudainement d’être riche.

Il y a tant de sortes de billets et madame Astor me presse de faire un choix. Ouf ! mais quoi choisir? Incapable de faire un choix, je lui demande quel est son gratteux préféré. Elle pouffe de rire ! Elle n’en achète jamais, me dit-elle. J’aurais dû y penser.

«Quel est donc le gratteux le plus populaire, le plus acheté ?» Elle ne le sait pas. Pourtant, la loterie représente près de 40% du chiffre d’affaires des dépanneurs montréalais, suivent ensuite le tabac, l’alcool et la malbouffe. La culture du vice !

Madame Astor attire mon attention sur une nouvelle loterie instantanée : le Loup chanceux. Puis elle m’invite à prendre un 6/49 avec ou sans extra. Elle semble pourtant s’y connaître…

Pendant ce long moment d’hésitation, j’espère qu’un paroissien n’entre chez Astor. Je suis seul avec madame Astor et un choix à faire… Je choisis donc le loup chanceux et un billet pour le tirage de la 6/49 qui aura lieu le samedi 10 avril 2010. 15-29-34-36-37-39. (cette combinaison ne fut pas gagnante)

Je remercie madame, sors et retourne dans la ruelle, derrière le dépanneur, pour gratter mon gratteux en paix.

Consternation dans la ruelle : j’ai trois pattes de loup ! Ce qui signifie que je gagne instantanément 2$, soit le prix du billet de loterie, et que je dois réclamer mon lot auprès de madame Astor.

Hourra, j’ai un bon motif pour y retourner… C’est peut-être ainsi que l’on devient un habitué du dépanneur.