Par Kevin Cordeau
À toute heure du jour, de la nuit, au départ, à l’arrivée, vous le croisez. Il est à l’intersection de votre rue: difficile à éviter. En chair et en os, c’est une petite famille de vietnamiens qui le tiennent. Si vous vous fiez à l’affiche, il s’agit du Dépanneur Gervais. Un petit détour par le web vous le définira plutôt comme étant l’Alizée Rouge…
Ainsi, nul besoin de vous y attarder outre mesure – ce serait bien difficile d’ailleurs, car votre vietnamien n’est pas du genre à vous laisser dépourvu au fond de sa boutique. Une simple hésitation sur le choix de la bière, et le voici devant les frigos, à vous pointer du doigt les spéciaux de la semaine: « Pas cher! Bière pas chère! » N’empêche, c’est de la piquette, et vous êtes difficile…
Vous ne passez jamais plus de deux minutes dans ce dépanneur. À l’entrée, à défaut d’y avoir une sonnette, c’est le parquet de caoutchouc un peu décalé qui signale votre présence. « Bonjour.» La bière est au fond: c’est la zone la plus achalandée. Autrement, deux courtes allées, dont les étagères vous frôlent le menton lorsque vous jetez un oeil stupéfait aux ingrédients de cette soupe Lipton en sachet, contiennent l’essentiel des vivres. Parce que, règle générale, question de dépannage alimentaire, vous marchez plutôt quelques minutes supplémentaires pour rendre visite à Roger, c’est plutôt sous l’impulsion d’une urgence que vous vous retrouvez dans ces allées. C’est-à-dire le dimanche soir, lorsque vous vous retrouvez devant un repas un peu sec, et qui mériterait bien une gentille saucette «Hot Chicken» de Saint-Hubert BBQ… Outre les frigos de bière et les allées d’urgence, il y a le frigo laitier, mais puisqu’il a tendance à vous réserver de mauvaises surprises, vous préférez l’éviter… Le dernier département, c’est celui de la location vidéo, seulement entrevu, parce que vous êtes aussi difficile à ce niveau-là, et que Jim Carrey dans une énième insignifiance hollywoodienne, ça vous tape un peu.
Le constat est simple: vous n’êtes pas un client fidèle du Dépanneur Gervais, si ce n’est pour le journal du weekend…