Par Carole-Anne Déry
Carrefour : A) Nœud de communication d’un espace habité.
B) Point de rencontre d’éléments divers ou opposés.
Laval : béton, douchebags, une seule salle de spectacle, semi-détachés, Centre de la « nature », ghettos, fermes, barbies prématurées, île du p’tit Jésus, culture abolie, Steinberg’s devenu Tigre Géant devenu Rossy (le progrès).
Carrefour Laval : ruche d’adolescentes peinturées (espace habité) achetant à crédit du haut de talons visiblement indomptables, se déplaçant toujours en essaim (nœud, point de rencontre), ne sachant baisser le ton (communication), reluquant les pré-hommes (élément divers, opposé) précieux puisque denrée rare – quoique florissante depuis que la formation masculine inclue l’épilation.
Méchant? Facile? Réaliste. En tant qu’ancienne abeille, je connais le processus. On ne va pas au Carrefour Laval si on a besoin de quelque chose et, surtout, on y va impérativement maquillée.
Plus j’ai lu, moins j’ai magasiné. Indirectement, mes lectures m’ont appris que la satisfaction atteinte après 4h de magasinage, 39 vêtements et 6 paires de souliers essayés, 3 numéros de téléphone attrapés au vol et la sensation d’avoir une nouvelle personnalité à enfiler est nettement inférieure à ce que laisse croire la rumeur.
Je n’ai pas été oubliée par ma mère entre deux manteaux de fourrure quand j’avais 5 ans. Ma haine/peur des centres d’achat me vient sans doute de ma trop longue relation avec le Carrefour Laval; du fait que les visages y sont tous masqués, que les mots y servent à vider plus qu’à combler et que les plafonds y sont définitivement trop hauts.