Derrière l’écorce

Carnet de navigation no. 8. 

capture-decran-2016-10-19-a-20-52-50Extrait du texte Uastessiu Pishim – Octobre, la lune pendant laquelle la terre s’illumine, de Rachel Bouvet

Dans les ateliers organisés jusqu’à présent à La Traversée, l’un d’entre nous faisait découvrir aux autres son coin de pays, sa passion pour un lieu, son paysage fondateur. L’atelier de la forêt matawinienne s’est échafaudé quant à lui a partir de liens tissés entre plusieurs personnes. Laure Morali a lancé l’idée de collaborer avec l’organisme Groupe Territoire Culturel, fondé par l’artiste Domingo Cisneros et sa compagne, Antoinette de Robien, un organisme ayant notamment pour vocation le développement des arts forestiers. […] Le choix du moment s’est imposé de lui-même: ce dimanche-là, les couleurs étaient trop vives, trop invitantes, nous avions fait le pari que le congé de l’Action de grâce de la mi-octobre coïnciderait l’année suivante avec le mois de Uashtessiu-pishimu. Jamais n’avions-nous autant surveillé la vitesse avec laquelle les feuilles se transformaient, appelant de temps à autre nos amis pour s’assurer que toutes les teintes possibles oscillant entre le jaune, l’orangé et le rouge restaient encore bien accrochées aux branches des arbres matawiniens. C’est que nous avions l’intention d’explorer les plantes et les mots, de mettre les sens à l’épreuve, de palper les écorces, les feuilles et les mousses, de capter les couleurs et les sons de la forêt, de malaxer toutes sortes de produits, de jouer avec les textures, les odeurs, le sens des mots et la forme des lettres. Et de marcher en forêt, bien sûr, afin de réfléchir au sixième sens, celui de l’orientation. Il s’agissait de confectionner des mets, des objets, des textes, des dessins, des cartes, autrement dit de donner libre cours à la créativité, d’accorder une grande importance à la sensualité, de «faire de la géopoétique avec les mains», pas seulement avec les pieds.

Consulter en ligne.