« L’histoire que je veux raconter trouve son dénouement, à peu de choses près, le 21 février 2002 aux abords d’un trou. La date n’est pas innocente. Elena était trop occupée pour entreprendre le voyage et j’avais convaincu Marc de m’accompagner à New York afin de voir le trou avant qu’il ne soit comblé. Je ne disais pas Ground Zero, à l’époque, mais le trou.
Des obligations m’avaient retenu tout l’automne, et ce n’est qu’au milieu de l’hiver que j’avais pu enfin me libérer pour faire le pèlerinage.
Nous logions à l’Edison, sur la 47e rue, tout près de Broadway et des marquises des salles de spectacles. Nous avions choisi de partager une chambre afin de réduire les coûts. Les rideaux délavés sentaient le tabac refroidi et le robinet de l’évier de la salle de bains coulait.
Je m’en foutais. Je voulais voir le trou. M’en approcher et sentir les effluves de l’Histoire, si une telle chose est possible.
Et c’est là, aux abords du trou, sur une structure de bois improvisée construite pour accueillir les touristes, que j’ai ressenti pour la première fois de ma vie la force des événements. Ou, pour être plus précis, l’impact de la vie secrète des événements. Et en écrivant ces derniers mots, je ne pense pas aux attentats du 11 septembre, mais à ces hasards auxquels, parfois, notre existence nous confronte. »
Des obligations m’avaient retenu tout l’automne, et ce n’est qu’au milieu de l’hiver que j’avais pu enfin me libérer pour faire le pèlerinage.
Nous logions à l’Edison, sur la 47e rue, tout près de Broadway et des marquises des salles de spectacles. Nous avions choisi de partager une chambre afin de réduire les coûts. Les rideaux délavés sentaient le tabac refroidi et le robinet de l’évier de la salle de bains coulait.
Je m’en foutais. Je voulais voir le trou. M’en approcher et sentir les effluves de l’Histoire, si une telle chose est possible.
Et c’est là, aux abords du trou, sur une structure de bois improvisée construite pour accueillir les touristes, que j’ai ressenti pour la première fois de ma vie la force des événements. Ou, pour être plus précis, l’impact de la vie secrète des événements. Et en écrivant ces derniers mots, je ne pense pas aux attentats du 11 septembre, mais à ces hasards auxquels, parfois, notre existence nous confronte. »
Parution: 2012
Nombre de pages:
Collection « Éclats », édité par La Traversée
Disponible à La Traversée – atelier de géopoétique