
Mi juin. Bruine sur le Parc Frontenac. Des diamants s’accrochent aux toiles d’araignées Emeraudes, topazes et rubis scintillent sur le sol d’onyx. D’énormes fougères exhibent leurs organes sexuels sans retenue. Au sein de ce kaléidoscope, Mon désir s’assouvit: Au tournant du sentier, Un sabot de la vierge guide mes pas. Je m’enfonce dans le sol spongieux Mes pieds se noient dans les sphaignes et les mousses Je me débats, la succion cède Je m’extirpe d’un réticule Sous le regard effarouché d’une linaigrette. Des tourbières ont avalé des hommes Et les ont momifiés dans leur fiel acide. Envoûtement et sorcellerie. Les insectes s’agglutinent sur les rosettes poisseuses du drosera D’autres plongent dans l’urne de la sarracénie pourpre Irréversiblement, Ensevelis pour l’éternité. Une dernière vision avant de basculer Chablis, blocs de granit. Bras rachitiques d’épinettes noires D’où pendouillent des usnées barbues Tant de beauté fait peur.
Monique Bourbeau