Nuit fauve

Par Anne-Sophie Subilia

À plusieurs heures de toute ville, loin des routes asphaltées, des lumières et des hommes, on s’est tenus là debout dans cette nuit sauvage, nos cinq corps accolés. Debout devant un lac, au cœur des bois, au cœur d’une symphonie.

On aurait pu pêcher les étoiles avec un filet

Debout dans la concentration, debout à laisser cette nuit nous délester. Vertigineuse. Saisir un fragment de ce royaume bestial, laisser le végétal recouvrir notre peau comme une fourrure.

Monde retranché

On a oublié qu’il y avait ce monde-là, nocturne et sauvage. Eux qu’on ne voit pas, qui sont-ils ? Le monde parallèle a ses propres lois, ses organisations, ses temps forts. De l’autre côté de l’eau, dans l’obscurité de la vallée, une meute prépare ses attaques. Les cris butent contre la roche, ricochent, plongent au milieu des étoiles, frissonnent.

Instinct

Debout à laisser ce souffle séculaire nous pénétrer. Les loups dans un corps à corps. Le huard comme arbitre. Les étoiles pour éclairer le vainqueur.

* * *

Souvenir d’une nuit d’août dans la réserve faunique de Papineau-Labelle (Québec)